Violences sexuelles sur mineurs : Analyse juridique approfondie de l’affaire Julien Palisca — par Maître Ava Magassa

Découvrez l’analyse juridique approfondie de l’affaire Julien Palisca, ex-policier de la Brigade des Mineurs, condamné pour violences sexuelles sur mineurs. Maître Ava Magassa, avocate spécialisée en droit pénal et protection de l’enfance, dévoile les mécanismes de cette affaire, les défaillances institutionnelles, le déroulement du procès et les signes d’alerte à connaître pour protéger les enfants. Un article de référence, fondé sur l’expertise juridique, la victimologie et la prévention, destiné aux parents, professionnels et acteurs engagés contre les violences faites aux mineurs.

Ava Magassa

12/1/20258 min read

Par Maître Ava Magassa – Avocate en droit pénal dans les violences sexuelles sur mineurs et la protection des victimes

🔴 Si vous êtes victime ou témoin de violences sexuelles sur mineur, contactez immédiatement le 119 (Allô Enfance en Danger) ou prenez attache avec un avocat spécialisé.

En tant qu’avocate consacrant ma carrière aux victimes de violences sexuelles sur mineurs, je mesure chaque jour l’ampleur de ce fléau, sa complexité juridique et la violence psychique qu’il inflige. L’affaire Julien Palisca n’est pas seulement un dossier criminel : c’est l’un des cas les plus révélateurs des défaillances institutionnelles françaises, notamment au sein des services censés protéger les enfants.

À travers cette analyse, j’expose les mécanismes de cette affaire, les failles qui l’ont rendue possible et les enseignements indispensables pour prévenir d’autres violences. Car comprendre une affaire, c’est prévenir les suivantes.

La façade du protecteur : un policier spécialisé dans la protection de l’enfance

Julien Palisca, officier de la Brigade de Protection des Mineurs (BPM), jouissait d’une légitimité institutionnelle lui donnant un accès direct aux enfants victimes. Cette fonction, centrale dans la chaîne de protection de l’enfance, lui conférait une aura rassurante, renforcée par son implication dans une ONG aux Philippines, en lien notamment avec la Fondation Virlanie, reconnue pour son action auprès des enfants des rues.

Cependant, cette façade masquait une stratégie de prédation. Comme de nombreux auteurs de violences sexuelles sur mineurs, Palisca utilisait son rôle de protecteur pour approcher des enfants vulnérables, tout en bénéficiant d’une présomption de confiance quasi automatique.

Il échangeait avec des mineurs via des applications, leur proposant quelques euros contre des actes sexuels. En 2018, lors d’un séjour humanitaire à Manille, il attire deux frères de 11 et 15 ans, enfants des rues, avant de les violer et de filmer les actes. La situation de détresse sociale et la vulnérabilité extrême de ces enfants ont facilité sa prédation.

Les enquêteurs découvriront plus tard :

  • plus de 3 000 fichiers pédopornographiques,

  • des échanges explicites avec des mineurs,

  • un journal détaillant les agressions, décrivant les faits avec une froideur clinique.

Ces éléments démontrent une pédocriminalité organisée, planifiée, loin de tout “dérapage isolé”.

Signaux ignorés : défaillances institutionnelles et omerta hiérarchique

Les comportements inquiétants de Palisca étaient connus dès 2020. Son collègue, Christophe Annunziata, signale des échanges suspects avec un mineur de 17 ans auditionné comme victime. Les messages sont familiers, tardifs, inadaptés à la posture d’un policier en charge d’un enfant traumatisé.

Pourtant, face à ces alertes, la hiérarchie minimise.
Certains syndicats qualifient même Annunziata de “délateur”, plutôt que de reconnaître son rôle de lanceur d’alerte.

En droit pénal français, toute personne dépositaire de l’autorité publique est tenue de signaler la mise en danger d’un mineur. L’article 434-3 du Code pénal prévoit une sanction pour la non-dénonciation de mauvais traitements ou d’atteintes sexuelles sur mineur.

La non-réaction constitue donc une faute grave, à la fois juridique et éthique. L’IGPN (Inspection générale de la Police nationale) évoquera d’ailleurs une « inertie très condamnable », formulation rare qui souligne la gravité des manquements.

La perquisition du 16 septembre 2021 révélera la totalité des preuves :

  • journaux manuscrits,

  • fichiers numériques,

  • conversations enregistrées.

Sans le courage du lanceur d’alerte, il est hautement probable que Palisca aurait continué à approcher des enfants dans le cadre même de ses fonctions.

Le procès de 2025 : un moment charnière pour la justice des mineurs

Le procès s’ouvre le 1er septembre 2025 devant la Cour criminelle des Bouches-du-Rhône. Fait notable : il se déroule sans huis clos, une décision exceptionnelle pour une affaire de violences sexuelles sur mineurs, mais jugée nécessaire au regard de l’intérêt public supérieur et de l’enjeu sociétal.

Les deux victimes philippines témoignent en visioconférence depuis l’étranger. Cette modalité est prévue par l’article 706-71 du Code de procédure pénale, qui autorise les auditions à distance lorsque la sécurité, la dignité ou la situation géographique des victimes l’exigent.

Palisca reconnaît les faits.
Mais reconnaître n’est pas réparer : ni pour les victimes, ni pour la société.

Il est condamné à :

  • 15 ans de réclusion criminelle,

  • 10 ans de période de sûreté,

  • interdiction définitive d’exercer dans la police,

  • interdiction de tout contact avec des mineurs,

  • suivi socio-judiciaire obligatoire.

Il s’agit d’une peine lourde, mais inférieure aux réquisitions initiales (20 ans). Cette différence interroge la société sur la notion d’exemplarité des peines, en particulier lorsqu’un auteur institutionnel a profité de sa fonction pour commettre des violences sexuelles sur mineurs.

Violences sexuelles sur mineurs : comprendre les mécanismes pour mieux protéger

Dans 80 % des cas, les violences sexuelles sur mineurs sont commises par une personne connue et de confiance : parent, proche, éducateur, professionnel de l’enfance, membre d’une institution.

Dans ma pratique d’avocate, je constate régulièrement :

  • la difficulté des enfants à verbaliser les faits,

  • le rôle destructeur de l’abus d’autorité,

  • le traumatisme complexe lié à la figure du “protecteur”, lorsqu’un policier, un enseignant ou un bénévole se révèle être l’agresseur.

L’enfant est pris dans une double confusion :

  • confusion émotionnelle (“comment celui qui me protège peut-il me faire ça ?”),

  • confusion sociale (“si je parle, me croira-t-on contre un adulte reconnu, diplômé, en uniforme ?”).

Signes d’alerte à surveiller chez un enfant

Certains signaux, pris isolément, peuvent paraître anodins. Mais leur accumulation doit alerter immédiatement :

  • repli soudain ou isolement, perte d’intérêt pour des activités habituellement appréciées,

  • troubles du sommeil ou cauchemars récurrents, refus d’aller se coucher ou peur de la nuit,

  • peur d’une personne pourtant valorisée socialement (enseignant, éducateur, entraîneur, policier, membre de la famille),

  • comportements sexualisés inadaptés à l’âge (gestes, propos, jeux),

  • douleurs ou troubles somatiques inexpliqués (maux de ventre, maux de tête, troubles alimentaires, énurésie).

Ces signaux ne constituent pas une preuve en soi, mais doivent conduire à une vigilance accrue, à l’écoute, puis, le cas échéant, à un signalement ou à une consultation spécialisée.

Analyse psychocriminelle : comprendre n’excuse jamais

La défense de Palisca évoque une enfance abusée, un passé de victime. Ce type de trajectoire est connu en criminologie : certains adultes auteurs de violences ont eux-mêmes été victimes dans leur enfance.

Mais il est fondamental de rappeler que, sur le plan juridique comme éthique, cela n’exonère jamais de la responsabilité pénale.

Les experts retiennent chez Palisca :

  • une pédophilie avérée,

  • un profil mythomane,

  • un risque élevé de récidive.

Dans un tel profil, le suivi socio-judiciaire est indispensable, mais il ne remplace pas :

  • la sanction pénale,

  • l’interdiction définitive d’exercer certaines fonctions,

  • une vigilance institutionnelle durable.

Comprendre les mécanismes psychiques ne signifie pas relativiser la gravité des actes. Au contraire, cela doit conduire à mieux prévenir, détecter et neutraliser ces comportements au sein des structures accueillant des mineurs.

Réactions médiatiques et sociétales : l’affaire qui a ébranlé la confiance

L’affaire suscite une vague d’indignation en France. Les reportages se multiplient : France 3, TF1, La Provence, Brut, et de nombreux médias nationaux et régionaux. Le caractère choquant de la double identité “policier humanitaire / prédateur sexuel” entraîne une forte exposition médiatique.

Sur les réseaux sociaux, les réactions se résument souvent à des formules fortes :

  • « Un policier pédophile condamné »,

  • « Omerta policière »,

  • « Un lanceur d’alerte sacrifié ».

La société découvre, ou redécouvre, que même les institutions dédiées à la protection des enfants ne sont pas imperméables aux prédateurs. Ce constat fragilise la confiance du public et interroge la capacité des structures à s’auto-contrôler.

Pourtant, il est essentiel de distinguer :

  • l’institution en tant que cadre nécessaire de protection,

  • les individus qui, en son sein, trahissent leur mission et doivent être fermement sanctionnés.

Comment protéger les enfants ? Recommandations juridiques et pratiques

La prévention des violences sexuelles sur mineurs repose sur trois piliers :

  • les parents,

  • les institutions,

  • les acteurs de la justice et du soin.

Pour les parents

Les parents ne peuvent pas tout empêcher, mais ils peuvent réduire fortement le risque et favoriser la libération de la parole :

  • instaurer un dialogue régulier et non jugeant, où l’enfant sait qu’il peut tout dire sans être puni ni ridiculisé,

  • enseigner clairement le consentement et les limites corporelles, dès le plus jeune âge, avec des mots adaptés,

  • surveiller les réseaux sociaux (discussions, ajouts d’inconnus, conversations en privé, anonymat des contacts),

  • observer toute modification de comportement (repli, agressivité, peur d’aller à certaines activités ou de voir certaines personnes),

  • prendre au sérieux les confidences, même partielles, et ne jamais qualifier de “mensonge” ou “exagération” une parole d’enfant sur ce sujet.

Pour les institutions

Les institutions éducatives, sportives, sociales ou policières ont une responsabilité renforcée :

  • former systématiquement les professionnels au repérage des signaux d’abus (comportements inadaptés, isolement de l’enfant avec un adulte, propos ambigus),

  • instaurer des protocoles de signalement stricts et connus de tous, avec une traçabilité des alertes,

  • protéger les lanceurs d’alerte afin de ne pas décourager les signalements internes,

  • contrôler les intervenants extérieurs (extraits de casier judiciaire, références, encadrement des contacts avec les mineurs),

  • limiter les situations de huis clos adulte-enfant, surtout lorsqu’elles ne sont pas strictement nécessaires.

Pour les professionnels de justice

Les acteurs judiciaires (magistrats, avocats, enquêteurs, médecins légistes, psychologues) doivent travailler dans une logique pluridisciplinaire :

  • utiliser les méthodes d’audition adaptées aux enfants, comme le protocole NICHD, pour éviter la suggestibilité et respecter la parole de l’enfant,

  • privilégier la protection immédiate (mesures d’éloignement, suspension d’activité, contrôle judiciaire adapté),

  • accompagner la procédure avec des psychologues spécialisés en psychotrauma,

  • veiller à ce que l’enfant ne soit pas confronté inutilement à son agresseur au cours des procédures.

FAQ : Questions fréquentes sur les violences sexuelles sur mineurs

Peut-on porter plainte des années après les faits ?

Oui. Pour les crimes sexuels commis sur mineur, la prescription pénale est aujourd’hui de 20 ans après la majorité de la victime. Concrètement, une victime peut porter plainte jusqu’à ses 38 ans dans certains cas.

Que faire si je suspecte un cas ?

En cas de doute sérieux :

  • contactez immédiatement le 119 (Allô Enfance en Danger),

  • prenez conseil auprès d’un avocat spécialisé en violences sexuelles sur mineurs,

  • ne confrontez pas brutalement l’enfant ni l’auteur présumé, au risque de le mettre encore plus en danger.

Quels sont les risques pénaux pour un policier auteur de violences sexuelles ?

Un policier reconnu coupable de violences sexuelles sur mineurs encourt :

  • des peines criminelles pouvant aller jusqu’à 20 ans de réclusion, voire davantage selon les circonstances,

  • des interdictions professionnelles à vie,

  • une inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles (FIJAISV),

  • un suivi socio-judiciaire prolongé.

Comment protéger mon enfant au quotidien ?

  • en instaurant une communication ouverte et régulière,

  • en surveillant ses interactions numériques (réseaux sociaux, jeux en ligne, messageries),

  • en apprenant à repérer les signaux faibles (changements de comportements, peurs inexpliquées),

  • en lui rappelant qu’il peut toujours vous parler, sans honte ni reproche, et que son corps lui appartient.

Conclusion : transformer l’indignation en protection

L’affaire Julien Palisca révèle à quel point la société doit renforcer ses mécanismes de prévention, de signalement et de contrôle. Elle nous rappelle que les violences sexuelles sur mineurs peuvent être commises par ceux qui inspirent le plus confiance : un policier, un éducateur, un humanitaire.

Le silence protège les prédateurs. Jamais les enfants.

En tant qu’avocate, je demeure engagée pour :

  • porter ces combats devant les tribunaux,

  • soutenir chaque victime dans son parcours,

  • participer à la construction d’un cadre juridique et institutionnel plus protecteur.

Besoin d’aide ? Parlons-en.

Les violences sexuelles sur mineurs nécessitent une réaction rapide, des conseils précis et un accompagnement spécialisé.

Je vous accompagne à chaque étape :
✔ analyse de situation
✔ dépôt de plainte
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✔ constitution de partie civile
✔ auditions, expertises, mesures de protection
✔ accompagnement pluridisciplinaire (médical et psychologique)

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