Prostitution des mineurs en France : le cri d’alarme d’une avocate engagée
Dans cet article, Maître Ava Magassa alerte sur l’essor alarmant de la prostitution des mineurs en France. À travers des données, des témoignages poignants et des pistes d’action concrètes, elle éclaire les mécanismes d’emprise, les dérives du numérique et les moyens d’agir. Un cri du cœur et un appel à la mobilisation collective pour protéger les enfants.
Ava Magassa
11/1/20256 min read
Par Maître Ava Magassa – Avocate au Barreau, engagée pour la protection des enfants et la lutte contre l’exploitation sexuelle des mineurs.
Une réalité glaçante derrière les écrans
Aujourd’hui, la prostitution des mineurs s’impose comme l’un des fléaux les plus inquiétants de notre société. Derrière les écrans de nos adolescents, une tragédie silencieuse se joue : entre 15 000 et 20 000 mineurs seraient victimes d’exploitation sexuelle en France selon les dernières estimations gouvernementales de 2025. En dix ans, les affaires enregistrées par les commissariats ont été multipliées par dix, passant de 21 cas en 2015 à 226 en 2024.
L’ampleur d’un phénomène en pleine explosion
En 2024, les forces de sécurité ont recensé 1 579 victimes de proxénétisme ou de recours délictuel à la prostitution, dont 659 mineures. Ce chiffre illustre une réalité en constante aggravation. L’Office Central pour la Répression de la Traite des Êtres Humains (OCRTEH) a observé une augmentation de 682 % en six ans, passant de 28 victimes en 2014 à 219 en 2020. En 2023, plus de 1 000 victimes ont été identifiées, dont près d’un tiers de mineurs. Le phénomène s’accélère : les victimes de moins de 15 ans ont doublé en trois ans.
Des adolescentes françaises, premières victimes
Contrairement aux idées reçues, les jeunes filles concernées sont majoritairement françaises (près de 90 %). Elles ont entre 12 et 17 ans, avec un âge médian de 14 à 15 ans. La moitié d’entre elles ont subi des violences sexuelles dans l’enfance. Beaucoup viennent de foyers de l’Aide Sociale à l’Enfance, sont déscolarisées, en rupture familiale ou en fugue. Ces jeunes filles, fragilisées par des traumatismes précoces, deviennent des proies faciles.
Le témoignage de Manon, recueilli dans une enquête récente, illustre cette descente aux enfers : violée à 15 ans, elle tombe dans la drogue, l’alcool et la prostitution. « Je cherchais juste de l’attention. Je voulais être aimée à tout prix », confie-t-elle.
Les réseaux sociaux, nouveaux terrains de chasse
Snapchat, Instagram, TikTok, WhatsApp ou Messenger sont aujourd’hui les outils privilégiés des proxénètes. Plus de 80 % des mises en relation entre victimes et clients se font via ces plateformes. Un simple message suffit pour piéger une adolescente en quête de reconnaissance. Sur Instagram, des recherches comme « plan argent » ou « plan sous » mènent à des pages encourageant les jeunes filles à « se faire de l’argent facilement ».
Cette banalisation, parfois appelée « effet Zahia », glorifie une sexualité marchande et rend la prostitution presque « glamour » aux yeux d’adolescentes vulnérables.
Les sites d’escorting : vitrines de l’exploitation
Des plateformes comme Sexe Modèle, qui affichent jusqu’à 40 000 annonces par jour, prétendent être des sites de rencontres libertines, mais sont en réalité des vitrines de la prostitution. Malgré une interdiction officielle pour les mineurs, ces derniers contournent aisément les règles. Derrière l’écran, des jeunes de 15 ans se cachent sous de fausses identités, invisibles pour la justice française, car ces sites sont souvent hébergés à l’étranger.
La méthode des “loverboys” : l’amour comme arme
Le recrutement par les « loverboys » est l’une des méthodes les plus insidieuses. Ces jeunes hommes séduisent, isolent et manipulent leurs victimes avant de les pousser à se prostituer « par amour » ou sous la menace. Ils instaurent une emprise affective et psychologique redoutable, parfois renforcée par des dépendances à la drogue.
Manon raconte comment, après un faux entretien d’embauche, elle a été contrainte à « prouver » sa valeur dans une voiture avant d’être emmenée chez un client. Le choc émotionnel est tel qu’elle dit s’être « robotisée ».
De la rue aux appartements privés : une prostitution cachée
Aujourd’hui, la prostitution des mineurs s’exerce majoritairement dans des lieux privés : appartements loués, parkings, hôtels, AirBnB. Plus de 60 % des activités sont désormais organisées en ligne. Ce déplacement du trottoir vers l’espace numérique rend la détection bien plus difficile et renforce l’impunité des proxénètes.
Des clients “ordinaires” et une banalisation inquiétante
Les clients, souvent appelés « Monsieur Tout-le-Monde », appartiennent à toutes les catégories sociales. Ils savent pertinemment que certaines jeunes filles sont mineures, mais s’en moquent. Certains affirment même « préférer les mineures ». Derrière chaque rendez-vous se cache une transaction déshumanisante, qui détruit la vie de ces adolescentes.
Des blessures psychologiques à vie
Les conséquences psychologiques sont profondes et durables : troubles alimentaires, stress post-traumatique, dépression, idées suicidaires, automutilations. Beaucoup de victimes parlent d’une « addiction à la prostitution », un mécanisme de survie où la reconnaissance et l’argent deviennent des substituts à l’amour.
Manon explique : « Après chaque client, je me lavais, je vomissais. C’était ma manière d’effacer ce qui venait de se passer. »
Un cadre juridique strict mais des condamnations encore trop rares
La loi française interdit strictement la prostitution des mineurs. Tout mineur prostitué est considéré comme en danger et relève de la protection du juge des enfants. Les proxénètes encourent jusqu’à la réclusion criminelle à perpétuité. Pourtant, les condamnations restent faibles face à l’ampleur du phénomène.
En 2025, un réseau exploitant des jeunes filles de 14 à 16 ans a été condamné à Toulouse : 13 peines, dont 14 ans de prison pour le principal prévenu. Mais ces affaires restent minoritaires par rapport à l’ampleur du problème.
L’action publique et associative : des efforts à poursuivre
L’État a lancé plusieurs plans nationaux depuis 2021 pour lutter contre la prostitution des mineurs. Sensibilisation, repérage, accompagnement, sanctions : les axes sont multiples. Toutefois, les associations comme l’ACPE, AdoSexo, le Mouvement du Nid ou la Fondation Droit d’Enfance dénoncent un manque de moyens et de coordination.
Le dispositif AdoSexo, déployé partout en France, offre écoute et accompagnement aux jeunes et à leurs familles. Mais les besoins restent immenses.
Le défi du numérique : une course contre la montre
Les proxénètes utilisent les outils numériques avec une rapidité déconcertante. Réseaux sociaux, plateformes d’hébergement, applications de messagerie : tout y passe. La justice peine à suivre un système transfrontalier et en perpétuelle mutation. Sans une coopération internationale et une régulation stricte des plateformes, la lutte restera inégale.
Repérer les signes et agir vite
Parents, enseignants, éducateurs : votre vigilance peut sauver des vies. Voici quelques signes d’alerte :
Changement brutal de comportement ou d’apparence
Fugues répétées ou argent inexpliqué
Isolement social
Photos suggestives en ligne
Relation avec un partenaire plus âgé
Troubles alimentaires ou anxiété
En cas de doute : appelez le 119, joignable 24h/24 et 7j/7.
L’espoir existe : se reconstruire après l’enfer
Malgré les séquelles, la résilience est possible. Manon, aujourd’hui âgée de 30 ans, mère de deux enfants, reconstruit peu à peu sa vie. Son message est clair : « Il faut prévenir avant qu’il ne soit trop tard. » La sortie de la prostitution demande un accompagnement long, pluridisciplinaire et bienveillant.
Ensemble, refusons l’indifférence
La prostitution des mineurs n’est pas un choix, c’est une forme d’esclavage moderne. Chaque enfant prostitué est une enfance volée. La société doit agir collectivement : écoles, familles, justice, associations, plateformes numériques.
Agir maintenant
Appelez le 119 : Enfance en danger (24h/24 – 7j/7)
Contactez les associations spécialisées : ACPE, Mouvement du Nid, AdoSexo, Fondation Droit d’Enfance
Parlez-en à un professionnel : médecin, éducateur, avocat, enseignant
Pour aller plus loin
À cœurs perdus – Enquête sur la prostitution des mineures de Claude Ardid & Nadège Hubert (Mareuil Éditions, 2025)
Documentaire Comme si j’étais morte – Benjamin Montel (France TV)
Reportage ARTE Le piège des loverboys (disponible jusqu’en 2026)
Maître Ava Magassa
« Chaque fois qu’une jeune fille est sauvée de ce système, c’est une victoire pour l’humanité. »
Besoin d’aide, d’écoute ou de conseils juridiques ?
Si vous êtes parent, éducateur, professionnel ou témoin d’une situation préoccupante, vous n’êtes pas seul(e). Maître Ava Magassa et son équipe accompagnent avec bienveillance les familles, les victimes et les institutions confrontées à des situations d’exploitation ou de prostitution de mineurs.
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Spécialisation : droit pénal, protection de l’enfance, accompagnement des victimes
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